#POLITIQUE Que disent les cahiers de doléances en Lorraine


14

Jan

2019

En dépit du refus de l’association des maires de France (AMF) d’organiser le grand débat, les édiles lorrains y sont plutôt favorables. Surtout dans les petites communes, à l’initiative des cahiers de doléances.

 

Le malaise de ses administrés, Philippe Thiry le comprend. Maire de Lenoncourt, 600 habitants aux portes de Nancy, l’édile s’apprête à refermer le cahier de doléances ouvert début décembre. « On a tout de suite joué le jeu de l’opération “mairie ouverte” initiée par l’association des maires ruraux (AMRF) » justifie celui qui en préside l’antenne meurthe-et-mosellane. La suite, l’élu l’imagine via le grand débat. « On n’est toujours pas fixé sur les modalités, mais il faut l’organiser dans les communes », suggère-t-il. La fin de non-recevoir adressé au gouvernement par l’association des maires de France (AMF), le désole : « L’échelon communal reste celui de la participation citoyenne. Les intercommunalités ont beau vider les communes de leurs compétences, c’est toujours le maire qu’on vient voir. Il faut que nos dirigeants reviennent au bon sens. Ils veulent tout à la fois faire la transition écologique, que les gens limitent leurs déplacements en voiture et ils n’ont de cesse d’élargir le périmètre des intercommunalités. » Entre-temps, la crise des Gilets jaunes a rebattu les cartes. « L’État doit compter sur l’échelon communal. Si l’on permet aux maires de recréer du vivre-ensemble, on redonnera confiance au pays. »

 

« Crever l’abcès »

 

Au diapason, Vincent Matelic, maire de Rosselange, près d’Amnéville, compte s’investir dans la consultation : « Il faut aller au bout de la logique, permettre aux gens de s’exprimer, crever l’abcès. » Une détermination d’autant plus forte que l’édile partage en partie la colère des ronds-points. « Comme beaucoup de particuliers, les communes sont à l’os. » Les doléances recueillies balaient large. De la dissolution de l’Assemblée nationale ou la démission du chef de l’État… à la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités ou encore la réindexation des pensions de retraite sur l’inflation… Ici, la collecte révèle l’empreinte du collectif des Gilets jaunes de la vallée de l’Orne.

Chercher de la « rationalité »

 

Une affluence toutefois très inégale selon les communes, en nette décrue depuis les fêtes. Quasiment aucune doléance à Novéant, Gorze, Corny… Cinq observations en quinze jours à Rémilly, au sud de Metz : « En vrac, des remarques sur l’accompagnement informatique du Troisième Âge, le trop grand nombre de parlementaires, l’assouplissement des 80 km/h… » Le maire Jean-Marie Stablo avoue y chercher « de la rationalité » et reste dubitatif : « Il va falloir faire face à toutes ses contradictions. »

 

Une perplexité partagée par Michel Fournier, maire des Voivres (Vosges). « Comment débattre face au refus de toute forme d’interlocuteur, à plus forte raison institutionnel ? » s’interroge l’édile. « Les Gilets jaunes en sont à vouloir désigner des représentants temporaires, révocables dans l’heure »… Vice-président de l’AMRF (Association des maires ruraux de France), le Vosgien a épluché les 300 doléances du département. « Toujours les mêmes griefs : injustice fiscale, fonctionnement de l’État, taxes… Quant au Référendum d’initiative citoyenne (RIC), il témoigne surtout de la récup’ en cours. Il n’en a jamais été question au départ. »

 

Article rédigé par Xavier Brouet pour le Républicain Lorrain

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